Plus d’histoires sur le street art à Lisbonne
Le street art à Lisbonne attire de plus en plus l’attention d’artistes internationaux et des visiteurs chaque jour.
En 2008, le Conseil municipal de Lisbonne a proposé une campagne avec pour slogan « Changer l’image du quartier ». Antonio Costa, maire de Lisbonne jusqu’en 2015 et maintenant 1er Ministre, promet de renforcer les sanctions pour vandalisme.
Si d’un côté le but du Conseil Municipal était de se débarrasser des graffitis illégaux et désobligeants dans les rues de Lisbonne, de l’autre il est devenu évident que la mairie devait organiser et commencer à contrôler cette forme d’art qui se répandait dans les différents quartiers de la ville.
Légalisation
Un projet de légalisation du street art, mis en place par la municipalité, autorise les artistes nationaux et internationaux à réaliser des œuvres sur les murs et bâtiments de la ville.
Maintenant, pour beaucoup de gens, l’art urbain est considéré comme un patrimoine culturel de Lisbonne. Il offre ainsi un atout important à la ville aux 7 collines, pour se développer et attirer davantage de touristes.
Lisbonne est devenu un véritable laboratoire européen à propos des politiques culturelles dans l’espace public. De ce fait, il y a de plus en plus de jeunes artistes qui choisissent de s’installer dans cette ville.
Galeria de Arte Urbana | GAU
Galeria de Arte Urbana | GAU a été fondée en 2008 grâce à un projet mis en place par le « Departamento de Património Culturel da Câmara Municipal de Lisboa »
Ce projet a débuté lors d’un nettoyage des graffitis dans la zone centrale de Bairro Alto, en prenant conscience que le street art à Lisbonne devait être réglementé et légalisé.
L’objectif principal de la GAU, depuis sa fondation, est de promouvoir cet art à Lisbonne, d’une manière légale et respectueuse, luttant contre le vandalisme et en respectant les valeurs de la capitale portugaise.
La forte augmentation de l’art de rue dans la ville a nécessité une intervention de la municipalité, en créant une organisation qui serait en mesure de se concentrer sur cette forme d’art urbain.
Un espace alternatif a été consacré à ce projet dans la Calçada da Glória, où les œuvres sont continuellement présentées par des artistes de rue. Après cela, la GAU s’est concentré sur le développement du message que souhaite véhiculer l’art de la rue. Le festival MURO est un parfait exemple qui prouve que la mairie de Lisbonne est devenue de plus en plus intéressé par cette forme artistique alternative.
Festival Muro
Entre le 30 mai et le 15 juin 2016, a eu lieu le festival MURO.
Il a été organisé par la GAU, en collaboration avec le Conseil Local de Carnide.
Ce fut le premier festival international d’art de rue organisé à Lisbonne. Il a eu lieu dans le très réputé quartier Bairro Padre Cruz.
Par la suite, le festival s’est étendu à d’autres parties de la ville et sous d’autres aspects:
– expositions de photographies, films, projections ainsi que des conférences internationales dédiées à l’art urbain…. quelques-unes des différentes techniques utilisées durant ce festival pour attirer le public vers l’univers de l’art de rue.
Street art dans le quartier de Padre Cruz
Le Bairro Padre Cruz (Bairro signifiant «quartier» en portugais) est le plus grand de la péninsule ibérique.
En vingt ans, il s’est littéralement transformé, passant d’une réputation de zone particulièrement dangereuse du pays, à une galerie d’art en plein air.
Avec un total de 107 œuvres d’art de rue comprenant des peintures murales, des sculptures et des installations. Cette restauration culturelle du Bairro a eu lieu en tant que projet social, à différents moments, par trois organisations qui sont Renascer, Galeria de Arte Urbana et Boutique da Cultura.
Une valorisation en 3 étapes
La Renascer Youth Association est une organisation basée à Bairro Padre Cruz, à but non lucratif fondée en 1993.
Les principales propositions faites par cette association sont des projets permettant aux jeunes de s’intégrer plus facilement dans la société : organisation de réunions, de débats, de festivités, d’activités récréatives, des événements sportifs et des visites culturelles.
En 1996 et 1997, l’organisme a animé un festival de street art dans le quartier afin que la population locale puisse s’impliquer dans les activités réalisées.
Les artistes
Le Festival MURO a promu une forme d’art pour tous, avec des échanges intenses entre artistes et lisboètes.
Plus de 60 œuvres et peintures murales ont vu le jour. Le tout, en collaboration avec des artistes nationaux et internationaux invités par la GAU et ses 7 commissaires; Ana Vilar Bravo, Lara Seixo Rodrigues, Miguel Negretti, Vhils et Pauline Foessel. Ainsi que des artistes qui, de leur propre initiative, ont commencé à travailler dans les rues de Bairro Padre Cruz.
L’autre partie du festival se concentre sur le maintien de l’idée d’intégration et de promotion de l’art. En voici quelques exemples : ateliers pour enfants, visites guidées, théâtre et autres arts performatifs.
Des sessions ont été organisées pour tous ceux qui souhaité participer à cet important projet culturel et social.
Visite guidée
On vous propose de découvrir ces oeuvres par des visites guidées privées à pied ou en tuktuk, du Bairro Padre Cruz, au Miradouro Panoramique de Monsanto, vieux quartiers du centre ville, lieu du dernier Festival Iminente Arta Urbana.
Les visites guidées sont privées et réalisées en portugais, français, espagnol ou anglais.
Ici quelques photos des oeuvres que l’on peut voir lors de nos tours:
L’histoire du street art dans le monde
Le graffiti moderne et le street art sont nés à Philadelphie et à New York à la fin des années 60. Progressivement, ils sont apparu en Europe.
Aux Etats-Unis, le street art a donné aux gens l’opportunité de s’exprimer et de se développer une identité qui leur correspond. Le but de cet art est lié à l’idée de lutter contre l’Occident capitaliste.
L’art urbain au Portugal est arrivé plus tard que dans la plupart d’autres pays. Il est né, précisément, dans les années 80 (liées à la culture hip hop et rap). Le street art à Lisbonne et aussi dans d’autres villes portugaises est devenu une caractéristique fondamentale de l’économie urbaine.
Son intérêt pour la communauté
Le street art a fait partie du processus de rénovation et de restauration d’une partie du centre-ville et des banlieues. Il est devenu un atout majeur de la capitale et l’attraction la plus importante. Ce qui est unique à propos de ce nouveau type d’art est qu’il soit en décalage, par rapport aux autres arts académiques. Créer une réglementation pour cet art nouveau n’était pas chose simple. Ce règlement doit reconnaître les qualités et les types d’œuvres, la carrière des artistes et leur reconnaissance, le travail individuel et collectif. Ainsi que la réputation au sein même de ce domaine.
En ce qui concerne la situation au Portugal, principalement à Lisbonne, le Conseil municipal a joué un rôle essentiel dans la création de cette nouvelle politique. Que ce soit pour le street art, les graffitis mais aussi pour soutenir les artistes. Il y a eu une attention toute particulière à ce nouvel art spécifique et son univers. Le Conseil municipal de Lisbonne a essayé de gérer cette activité dans certains quartiers, en la facilitant et en la réglementant.
Pendant cinq ans, la GAU a mis en avant de nombreux événements et a collaboré avec de nombreux artistes. Cela leur a permis d’exprimer leur art grâce à des fonds et différentes initiatives.
La création de politiques légalisant les activités d’art de rue, la mise à disposition de lieux ainsi que les événements artistiques ont contribué à l’implication de toute une communauté, portugaise et internationale.
L’implication des États
Les actions des Conseils municipaux ont eu un impact important sur la qualité de vie des habitants de certains quartiers. L’institutionnalisation de l’art de rue a eu des effets sur la vie urbaine et sur les organisations des villes. Le street art a changé la réputation et l’idée générale de certaines banlieues.
L’espace public est devenu un endroit parfait pour l’interaction où les résidents de la communauté peuvent se rencontrer. À travers le street art, l’espace public est devenu une place centrale et particulièrement pertinent dans la société contemporaine. Il y a une relation profonde entre intervention urbaine et valorisation; la création de peintures sur les murs des bâtiments est considérée comme une contribution importante à la rénovation de la ville.
Épilogue
On vous invite à faire tour sur notre article sur l’artiste Bordalo II mais surtout à vous inscrire à notre newsletter pour suivre nos prochains articles sur le thème.
Article écrit par SEBASTIEN PELLIER et D.F | Photos @robertinetechnin